Toni Erdmann Autriche, Allemagne 2016 – 162min.

Critique du film

Toni Erdmann

Critique du film: Geoffrey Crété

Business woman ambitieuse et implacable, Inès s’est installée à Bucarest en tant que consultante d’une grande multinationale. Totale maître de sa vie, elle accueille d’un mauvais œil son père, un homme fantasque et imprévisible qui cherche désespérément à pousser sa fille vers une forme de légèreté. Alors qu’il s’apprête à rentrer chez lui, comme elle le souhaite, il décide de rester sans la prévenir. Sous les traits de l’étrange Toni Erdmann, coiffé d’une perruque et d'un dentier, il s’immisce dans la vie d’Inès pour lui apporter tout ce qui lui manque…

Lors du palmarès du Festival de Cannes 2016, des noms connus : Ken Loach, Xavier Dolan, Olivier Assayas, Cristian Munglu, Andrea Arnold, Asghar Farhadi. La vraie gagnante s’appellait pourtant Maren Ade : son troisième film, Toni Erdmann, présenté en compétition officielle, était l’un des plus aimés. A l’image de ce père excentrique, le film a apporté un vent de fraîcheur et une énergie insoupçonnée, à cheval entre un humour étonnant et une tendresse irrésistible. Toni Erdmann souffre d’un problème de rythme, avec 2h42 pas toujours justifiées qui finissent par abîmer l’histoire et les personnages, et finalement briser le charme après une première heure formidable. Mais il s’en dégage suffisamment d’inventivité et de justesse pour en faire un film extraordinaire, notamment parce que Sandra Hüller et Peter Simonischek se révèlent tout simplement géniaux.

01.03.2024

4

Votre note

Commentaires

Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.

Login & Enregistrement

seemleo1

il y a 8 ans

Cinéma naturiste, cinéma unplugged, cinéma avec scènes en temps réels, "Toni Erdmann" vaut effectivement le détour. Une toute petite intrigue étalée sur 2h40, où l'on partage quelques tranches de vie d'un père et de sa fille adulte, que tout oppose apparemment. Leur relation est au centre de l'histoire et le réalisateur la peint avec finesse mais surtout avec des éclairages divers. Rien est simple même si la pomme n'est pas tombée très loin de l'arbre au final. (oh le spoiler !!!).

Le cinéma allemand a cette qualité propre qui consiste à décrire l'amitié ou l'amour avec pudeur mais avec profondeur et finesse.Voir plus


CineFiliK

il y a 8 ans

Pensée du jour : Mon père, ce héros

Dans la vie, garder le sens de l’humour est essentiel, selon Winfried Conradi. Ce sexagénaire allemand s’efforce de partager cette philosophie existentielle avec tous ceux qui ont la « chance » de croiser son chemin. Si bien que quand il prend conscience que sa fille Ines, consultante ambitieuse exilée à Bucarest, ne s’épanouit guère, il se donne pour mission de lui redonner sens et sourire, quitte à perturber tout son quotidien.

Lorsque le facteur sonne à sa porte un paquet à la main, Winfried l’accueille ainsi : « Ahhh, ce n’est pas pour moi, mais pour mon imbécile de frère… Je l’héberge en ce moment, car il vient de sortir de prison ; c’est un spécialiste des colis piégés. Attendez ici, je vais vous le chercher… ». Devant la lueur d’effroi éclairant le regard du pauvre postier abandonné avec son colis, il y a de quoi rire de bon cœur. Deux minutes ont donc suffi pour que la bonhomie de ce Depardieu germanique nous conquiert. Et même s’il se montre plus balourd par la suite, entre les perruques, fausses dents et autres coussins péteurs, ses yeux protecteurs et aimant rassurent plus qu’ils ne mettent mal à l’aise. Mais sa fille, l’air renfrogné, lui résiste. Lourde et épaisse est la carapace de celle qui a dû sacrifier empathie et innocence enfantine pour se faire, à coup de talons, une place dans le machisme ambiant. Si bien qu’aujourd’hui, les mots « bonheur » et « vivre » lui sont trop lourds de sens. « Es-tu encore humaine ? », ose alors son père. Au fil de scènes de plus en plus surréalistes qui auraient pu, écourtées, gagner en efficacité, la fermeture éclair de l’armure d’Ines se coince et finit par rompre à l’occasion d’une fête à poil et au poil absolument réjouissante. Plus savoureuse qu’émouvante, la parenthèse inattendue du dernier festival de Cannes qui n’avait alors pas su convaincre un jury chagrin, séduit par sa différence.

8/10

twitter.com/cinefilik
cinefilik.wordpress.comVoir plus


etienne_ma_

il y a 8 ans

acteurs magnifiques, scénario subtil, intelligent, poétique et, néanmoins réaliste


Autres critiques de films

Vaiana 2

Gladiator II

Conclave

Red One