Cry Macho Etats-Unis 2021 – 104min.

Critique du film

Un western moderne bien terne

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

Un western moderne, dans les années 80, avec Clint Eastwood devant et derrière la caméra. Derrière cette aventure hors des frontières américaines, Cry Macho dévoile une méditation personnelle faiblarde sur la masculinité.

Mike (Clint Eastwood) est une star déchue du rodéo. Des années de galère et d’alcoolisme n’ont pas aidé le cowboy texan. Mais pour payer une « dette » à son employeur de toujours, il accepte une mission qui paraît impossible : se rendre au Mexique pour ramener son fils au Texas, lui qui est presque prisonnier de sa mère irresponsable. Une aventure semée d’embuches, à slalomer entre la pègre et la police corrompue.

91 ans au compteur, 39e film avec la casquette de réalisateur, et Clint Eastwood continue de jouer la comédie. Acteur et réalisateur de Cry Macho, l’ancien Inspecteur Harry revient après l’excellent Richard Jewell. Tourné pendant la pandémie, et malgré le respect que peut inspirer la carrière du cinéaste, cette nouvelle œuvre convoque un reploiement du talent d’Eastwood. En effet, le rôle du bourru solitaire au cœur d’or qu’il affectionne tant, semble quelque peu éculé et c’est précisément le rôle de son personnage Mike : cowboy chagriné, endeuillé, étrenné sur ces routes poussiéreuses.

Du Texas au Mexique, une aventure qui dessine un road-movie terne, avant de glisser sur la comédie romantique et dégoulinante de sentimentalisme. Alors oui, il y a un savoir-faire épuré. Mais il est rare, pour Clint Eastwood, de relever aussi peu d’inspiration. Il est également rare de voir une expression aussi faiblarde de la futilité du machisme pour un cinéaste de la trempe de la légende américaine.

 Le pire est peut-être cette méditation douteuse sur la masculinité et de son personnage cinématographique - voyez l’icône Eastwood pour les cinéphiles. Pour le public, Eastwood représentait le cowboy par excellence et la masculinité.

Dans Cry Macho, remballer les armes, Eastwood fait son examen de conscience. Mike Milo, cette grande star du rodéo transpirante de virilité, s’offre une promenade rétrospective et introspective. Il lui faut sortir des frontières - physiques et psychiques -, pour se lancer dans une quête dangereuse. Le film ne fera qu’appuyer les ressentis d’un vieillard à bout de souffle. Cry Macho est superficiel et sans la moindre tension. Rappelons juste que Mike et le jeune adolescent Rafael (Eduardo Minett, pas du tout à son affaire) sont coursés par un spadassin inepte.

Le scénario de Nick Schenk, adapté du bouquin de N. Richard Nash, place un homme frêle, faible, qui n’a plus la vista d’antan. La scène du jukebox provoque la rupture totale entre l’histoire et le spectateur. En découle une scène où Eastwood s’affale (presque) sur Natalia Traven - dans la peau de Marta, une veuve tombée amoureuse du cowboy -, supportant l’âge (trop) avancé de l’acteur. Une image gênante pour le cinéaste américain. On sauvera le coq surnommé « Macho », seule lueur dans ce western moderne raté et pantouflard. Le compte est bon.

09.11.2021

2

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Commentaires

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alphea_t_

il y a 3 ans

Vraiment gênant de retrouver Eastwood en personnage quasi moribond. Son personnage calme, immobile et serein d'antan passait quand il était jeune, c'était même sa force et il fascinait. Mais maintenant, ce "naturel" correspond à un vieillard pathétique. En plus, son visage lifté ne s'harmonise pas avec son corps brisé/desséché par le grand âge. A force de tailler dans les paupières, de couper dans les joues et le cou et de figer le reste au Botox, Clint n'a plus d'expression. Alors le spectateur se rassure en mêlant à l'image actuelle celle d'antan, quand ses rides et ses plis de peau "racontaient" sa richesse intérieure tandis que son visage restait impassible. Maintenant, on est triste de le voir tellement défiguré tout comme de constater à quel point sa mobilité est difficile. Du coup, on a presque envie de lui apporter un bon fauteuil pour qu'il se repose enfin. Une catastrophe ce film. Quant à l'histoire, beaucoup trop d'invraisemblances pour rendre le tout crédible. Dommage tout ça.Voir plus


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