Critique2. Februar 2022 Cineman Redaktion
«Nos Otages» - Le récit d'une captivité hors-norme par Michael Steiner
C'est une histoire vraie que le réalisateur suisse Michael Steiner introduit ici. Une affaire qui a enflammé l’opinion publique et au dénouement improbable, son impact fut considérable. Une excellente adaptation qui décroche 3 nominations au prix du Prix du cinéma suisse 2022, dont Meilleure interprétation masculine pour Sven Schelker.
(Critique du film: Peter Osteried)
Un jeune couple suisse. Des vacances qui tournent au cauchemar. En chemin sur l’ancienne route de la soie, les deux jeunes gens se retrouvent prisonniers, otages des talibans. Les ravisseurs exigent de l’argent et la libération d’un certain nombre de leurs compagnons d'armes. État neutre, la Suisse ne possède malheureusement que peu de marge de manœuvre. Et les parents des deux captifs peuvent bien mettre tout en œuvre pour essayer de leur rendre la liberté, seul le couple est en mesure de se s’extirper de cette situation. Un plan est imaginé : une évasion risquée. Mais cette idée est-elle vraiment concevable ? Jamais auparavant des otages de fondamentalistes n’avaient réussi à s’échapper par leurs propres moyens.
Pour la création de ce long-métrage, le cinéaste Michael Steiner a dû faire face à de nombreux défis logistiques. Un tournage en Inde, dans la région du Rajasthan, à Zurich et en Argovie, puis la production finit par être transférée dans la Sierra Nevada, dans le sud de l'Espagne, en raison de la pandémie. Et malgré ces péripéties logistiques, le long-métrage n’en reste pas moins bouleversant, fascinant, et admirablement conçu. Axé sur le couple et leur désarroi, «Nos Otages», «Und morgen seid ihr tot» en version originale, dévoile des situations surprenantes, inattendues. Ainsi se développe cette étonnante relation entre ces deux Suisses et le chef du groupe taliban. Une complexité se dessine. Le réalisateur cherche à monter la pluralité singulière de cette affaire, une volonté ardue au vu des atrocités dont il est question.
Un film efficace, remarquablement structuré et complexe dans sa narration...
Chaque jour, le couple se fait témoin des horreurs et du traitement infligé aux femmes, la violence rythme leur vie. Et Michael Steiner transporte le spectateur au plus proche de leur captivité. Formidablement incarné par Sven Schelker et Morgane Ferru, nous partageons les espoirs de ce couple, et tremblons avec eux, au cœur d’une histoire hautement personnelle et profondément traumatisante que les vrais Daniela Widmer et David Och essayent encore d’oublier. Et c'est justement cette honnêteté qui fait de «Nos Otages» un film efficace, remarquablement structuré et complexe dans sa narration alors qu’il confronte la naïveté des deux Suisses à des talibans sans scrupules.
Contre toute attente, cette histoire cauchemardesque finit bien, situation rare tant dis que d’autres y sont restés. Un long-métrage d’autant plus important qu’il met l'accent sur des destins qui ne sont pas sans faire écho à une actualité délicate alors que les talibans ont repris le pouvoir en Afghanistan.
4,5/5 ★
Le 2 février au cinéma.
Plus d'informations sur «Nos Otages».
(Un texte adapté de l'allemand par Maxime Maynard et Théo Metais)
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